dimanche, novembre 19, 2006

Fin des JCC: Palmarès et critiques

Le grand vainqueur de ces dernières Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) est sans doute "Making off" de Nouri Bouzid avec ses tanits d'or du meilleur film, du meilleur premier rôle masculin (pour Lotfi Abdelli) et du meilleur second rôle féminin (pour Fatma Ben Saïdane). Le choix du jury est éminemment politique et celui-ci ne s'est pas privé de le souligner dans une allocation vibrante de puissance par son président, l'écrivain libanais Elyas Khouri. Celui-ci a souligné que l'art est le meilleur moyen pour lutter contre la peur, la domination et la dictature et a appelé au renouveau artistique de tous les peuples opprimés. Un appel à une sorte de révolution culturelle qui serait le meilleur moyen pour faire face à la montée des extrémismes et de la haine. Un appel qui a reçu un accueil glacial de la part des officiels : ministre de la culture et maire de Tunis qui sont restés de marbre.
Elyas Khouri a ensuite émis au nom du jury de cette 40 ème session des JCC trois recommandations, qui à mon avis, sont d'une importance capitale :
1- Assurer le droit au public de voir tous les films en toute liberté et sans contrôle (censure) et que ce droit soit assuré à tous les films et même après leurs sortie.
2- Assurer une sélection plus rigoureuse des films en compétition, certains films en dessous du niveau requis pour des festivals de l'ampleur de celui des JCC n'ont pas à être présents en compétition officielle.
3- Créer une entité indépendante et permanente chargée du suivi et de l'organisation du festival tout en bénéficiant du support de l'administration.
Devant cette série de recommandations les officiels sont restés tout aussi gelés. Peut être en les renvoyant à leurs responsabilités (du moins pour le ministre de la Culture) ceux ci se sont sentis visés ou responsables des grands manquements révélés au cours de cette session.
Ne serait ce qu'à titre d'exemple, le catalogue des films présentés, d'habitude distribué avant le début du festival n'était disponible que 4 jours après son début. Et encore fallait-il avoir des contacts bien placés pour l'avoir !
Certaines salles de cinéma sont dans un état lamentable, plus particulièrement, le colisée; où sont cependant présentés la moitié des films en compétition officielle. Son de piètre qualité, image parfois floue, saleté générale. J'ai vraiment honte que nous, tunisiens, ayons la prétention de présenter au monde un festival du cinéma soit disant de qualité quand tous les moyens nécessaires à sa réalisation ne sont pas mis en œuvre.
Le risque est, qu'à terme, les JCC ne disparaissent au profit de festivals moins cinéphiles mais qui sont portés par l'état et l'industrie tels que ceux de Marrakech au Maroc ou de Dubaï.
Les JCC sont en danger, comme l'est tout le cinéma tunisien pour les sauver, il faut agir maintenant.

4 commentaires:

Roumi a dit…

@Xander : merci pour cette note où perce comme toujours ton regard aiguisé. :-)
Espérons que la situation un peu lamentable que tu décris connaisse une amélioration significative. :-)

Anonyme a dit…

C'est vrai que malgré ses 40 années d'existence le JCC a toujours des allures de festival amateur! il est vraiment temps de s'en occuper, le ministère devrait faire plus d'efforts pour garantir des festivals de qualités au lieu de se disperser tantôt en festival du bor5ol dans je ne sais quelle localité tantôt en festival de la harissa dans une autre !!!
L'image de notre pays doit obligatoirement passer par son aptitude à faire de la qualité et nous avons encore nos preuves à faire.

OthRez a dit…

j'avais écouté d'une oreille distraite le mot d'Elias Khoury.
Il paralit de ra9aba et tout, pas trés politiquement correct :)
Mais le fait kil ait dit ça .. ke ce retransmit en direct .. devant messieurs les ministres, maire de Tunis etc est déja en soit un point positif.
Pour le catalogue des films je me le suis procuré le premier jour du festival (samedi avant-dernier) au centre culturel Ibnou RachiQ. Il était en distribution libre.
Peut être qu'il n'a pas été distribue en nombre suffisamment grand pour satisfaire les milliers de spectateurs.
Voila !

Anonyme a dit…

la presse riposte
Le pays hôte et les organisateurs "ignorés"
http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=4&news=38681