mardi, février 14, 2012

L’excision, pratique étrangère à l’Islam


Au cœur de la visite de cet étrange Ghoneim, prédicateur salafiste égyptien en Tunisie, et au moment où ses déclarations farfelues promouvant l’excision émeuvent et scandalisent la rue, il convient de s’attarder un peu sur cette pratique barbare. Car il faut  comprendre ses origines pour mieux la combattre et ainsi éclairer, un tant soit peu certains esprits embrumés par un discours violent, rétrograde et surtout faux.

L’excision, une pratique pré islamique
Pour commencer, il faut souligner que l’excision féminine (khafd) n’a aucun fondement dans le Coran et aucun verset ne la cite explicitement ou implicitement. Et si certaines écoles juridiques la recommandent sous une forme bénigne, elles se fondent toutes sur des hadidh dont aucun ne la prescrit explicitement.
La pratique était répandue dans la Jahilia, le droit islamique s’est ainsi contenté d’entériner un usage pré islamique. Elle a aujourd’hui quasiment disparu partout dans le monde musulman sauf en Egypte (où elle est également réalisée par certains coptes) et dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne.
Ces dernières années, un grand effort a été déployé par des ONGs dans les pays où cette pratique est courante afin de sensibiliser les familles et surtout les femmes sur les dangers de cette pratique.
Car au delà du risque très important de complications médicales chroniques que peut entrainer l’excision, elle génère également un impact psychologique dévastateur sur les jeunes filles, ces futures femmes.
Violées dans leur intimité, amputées d’une partie de leurs corps, cette pratique peut être perçue comme une mutilation d’origine masculine : une sorte d’affirmation de la domination machiste sur la femme. Car in fine ce qui est recherché par l’excision, c’est bien priver la femme de tout plaisir durant l’acte sexuel. Elle est ainsi, réduite, un peu plus encore au rôle d’objet sexuel pour l’homme, dévolue à ses envies et incapable elle même de ressentir le moindre plaisir.
Exciser une femme c’est enlever, détruire, nier une partie de son humanité, car la capacité de ressentir du plaisir est sans doute l’une des manifestations les plus criantes de notre humanité. L’homme n’est-il pas cet animal éprouvant du plaisir.


Plus largement, il convient de rappeler, qu’autant que l’excision, la circoncision n’a, elle non plus, aucun fondement en Islam, ni dans le Coran, ni dans les hadhith. Là aussi, c’est un lourd lég de la Jahilia que la tradition islamique a simplement perpétué et que la tradition populaire et le lieu commun a associé à la fois à un rite de passage, à une purification et à une entrée dans la communauté des croyants. La pratique peut également chez certains hommes être la source de grands troubles psychologiques et il aujourd’hui prouvé qu’elle réduit sensiblement le plaisir éprouvé lors du coït. Mais le débat ici est tout autre tant cette pratique est enracinée dans la conscience populaire.

Pour finir, le constat est alors toujours le même et la conclusion inchangée. Le plus grand danger pour l’Islam, ce sont les musulmans eux mêmes, ou du moins, une partie de ces derniers. Obnubilés par une surenchère de la démonstration de foi, ils sont prêts à croire tout et n’importe quoi. Et plus c’est gros, plus c’est violent, plus cela doit, à leur yeux être vrai. L’islam n’est pas cela, il est avant tout compréhension de l’essence du texte et guide. L’islam a aujourd’hui, un terrible besoin de réflexion, de contextualisation et de recul, loin des prêches de prédicateurs incultes et violents.