Un petit verre de bon porto à la main, la tête déjà tournoyante, j'essaye d'écrire ; exercice difficile quand on n'a pas écris depuis longtemps. Quand on se convainc sois même, et que les autres y participent, de la vacuité même de notre écriture. Un ami m'a dit un jour : Ton blog est théâtral, faux et je ne sais plus quoi.
J'avais du mal à entendre cela, mais il avait raison. Rien n'a d'importance, rien n'est important pour toi lecteur, rien n'est plus important pour moi non plus; nudiste de mon âme, prostitué intellectuel, je m'efforce de me rendre beau, de paraitre intelligent, d'être cohérent et de me donner une image.
A quoi cela sert-il d'écrire ?
Je regarde le piteux amoncellement de plastique ruiné et puant le PVC qui nous sert d'arbre de noël improvisé. Je me rappelle les jours, où, enfant, je jouais avec les autres autour de ce même arbre. Où sont-ils partis ? Que sont-ils devenus ? En Anglettre ou en Hollande, se rappellent-ils encore de moi ? En regardant la photo de classe se rappellent-il le petit garçon qui était différent ?
Maintenir la différence. Voila qui est essentiel, fondamental.
L'arbre. Des guirlandes poisseuses, défraichies, suspendues à la hâte en souvenir d’une ambiance perdue.
Encore un coup de Porto, c'est si bon.
Je me rappelle une marche, le soleil, la lumière. L'infini ; l'infini si profond devant nous, l'infini si proche. La mer, la mer si bleue, si profonde. Le son des vagues ; les vagues invisibles qui, sur le rivage se cassent et rythment les doux mots des amoureux. Les regards ; les regards échangés, volés, tués. Les mots ; les mots doux, rares, justes. Les pas ; les pas lents, délicats, rythmés. La lueur orangeâte du couchant, le couchant mélancolique et envoutant.
Encore un coup, c'est bon.
Les hivers, les mois de décembre, je les ai toujours aimés. Mon anniversaire, Saint Nicolas, le père Noël, la nouvelle année que j'ai toujours fêté en famille. Le froid, le son de la pluie quand je suis dans mon lit. Ah que j'aime cela !
Les chansons de décembre qui ont bercé mon enfance.
Où est le porto ?
Salzamen a des tentations meurtrières vis à vis de son doudou rouge. Moi j'aimerais tuer le temps, le découper en morceaux, apprécier chaque instant qui le compose, le diluer, le fermenter pour en relever la saveur. J'aimerais me délecter du suc du temps, de chaque instant que je crée, que je vis, que je conçois. J'aimerais être le temps. Qu'il soit infini, terriblement lent dans l'extase et la souffrance. Qu'il soit eternel. Qu'il ne finisse jamais.
La bouteille, elle, est presque finie.
Laissons nous bercer par la douceur des jours, laissons passer le temps, marchons ensemble sur les chemins oubliés, égarons nous dans les bois, oui les bois profonds, là où la nature nous reprendra. On se sentira bien et tout redeviendra comme avant. Nous vivrons nus, nous chanterons des chansons et mangerons des fruits, on fera l’amour quand on en aura envie et on mourra heureux.
Mourir heureux, tout simplement.
4 commentaires:
Magnifique texte Xander. Pourtant je ne suis pas d'accord sur le mot "prostitué", c'est un mot si vil, si gorgé de jugement! Penses que nous nous offrons, que nous nous offrons les un aux autres dans des orgies de mots, que nous essayons de gagner sur la vie une part de ce qu'elle nous interdit.
Doucement sur le porto et joyeux Noël!
Le bonheur c'est de mourir heureux mais pour cela il faut d'abord vivre.
@Xander : ah tu vois... Marou est d'accord avec moi pour dire qu'on n'est pas des prostituées ! Tu vas peut être finir par nous écouter un peu ?! :)
@Marou : pour le porto, rassure-toi, ce n'est qu'un entrainement, une répétition générale. :)
... marcher ensemble sur les chemins oubliés. J'aime ce beau texte si riche et évocateur, hédoniste aussi. Dommage qu'il reste enfoui dans un blog alors que vous devriez le développer. Prostitué intellectuel, c'est à dire vivant sur plusieurs plans, le plan de la conformité sociale, votre vécu intérieur, le plan du souvenir de Sint Klaas en de zwarte Piet, et une forte conception du Temps - ne pensez-vous pas qu'il y aurait là la matière d'un roman, à condition de placer un personnage et une action au milieu. Donc, ne galvaudez pas cebel embryon d'une oeuvre d'art.
Ceci dit, je cherche en vain l'adresse électronique de xander que je voudrais contacter au sujet d'une contribution dans wikipedia sur l'Islam. Je n'arrive pas à participer à la discussion dans wikipedia, étant déficiant visuel. Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien me contacter sur moran_nl arobase yahoo point com. Hartelijk bedankt maar schrijf graag in het frans, mijn screenreader leest geen Nederland.
De toute manière, bonne et heureuse année 2007, et plein les poches de joie et de réussite.
Paul Moran
Tu l'a lu ???
1. Antisocial Personality Disorder: An Epidemiological Perspective
ISBN: 1901242242 - Paperback - List Price: $26.00
Publisher: Amer Psychiatric Pub Inc - Published Date: 08/01/1999 - Paperback
Author: Paul Moran
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