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jeudi, décembre 29, 2011

Steve Jobs au delà du mythe, l’homme


L’unique biographie autorisée de Steve Jobs, sortie quelques temps après sa mort et signée Walter Isaacson, dresse un portrait sans concession de l’homme qui se cache derrière le mythe d’Apple. Une biographie écrite suite à plus de 40 entretiens entre l’écrivain et son sujet. Steve Jobs , pour ce qu’il voulait être un témoignage fidèle de l’homme qu’il était, a donné une liberté totale à son biographe et n’a pas cherché à contrôler ce qui était écrit.

On découvre ainsi tout au long de ce dense volume de plus de 600 pages un homme au caractère compliqué, difficile et torturé. Un homme aux blessures d’enfance profondes qui ont conditionné toute sa personnalité et façonné l’immense capitaine d’industrie qu’il est devenu.

La vie de Steve Jobs se confond avec celle de la Silicon Valley et de toute l’industrie High Tech. Sa vie est aussi intimement liée à celle de ses entreprises Apple et Pixar. On ne s’étonnera donc pas de constater les longues digressions que l’auteur s’autorise à propos des pérégrinations de ces deux géantes.

Ce livre a donc le double intérêt pour la petite et la Grande Histoire. La petite est celle de la vie de Steve Jobs dans toute sa complexité. La Grande est celle de tout cet écosystème d’hommes et de femmes qui ont fait l’industrie high-tech d’aujourd’hui.

Une lecture sans doute indispensable pour tout « fan » d’Apple et intéressante pour tout curieux de l’informatique et de la vie des entreprises de haute technologie.

dimanche, mai 15, 2011

Goulag et Démocratie de Mohamed Talbi


L’Avenue ce jour là était calme : les passants étaient là, les bezness étaient là, les péripatéticiennes aussi. Toute cette atmosphère respirait la liberté.
Heureux étais-je donc mais aussi fier, d’aller acheter un livre à Tunis : la joie d’enfin retrouver des lectures intéressantes à la libraire El Kitab se mêlant à la fierté du constat de la liberté (re)trouvée.
Mon choix s’est porté sur un gros livre gris et à la couverture peu engageante : Goulag et Démocratie de M. Mohamed Talbi.
Revenu chez moi, et ayant lu les première pages du livre, l’enthousiasme du moment laissa rapidement place à une grande déception : Comment est-ce possible ? Comment expliquer un écrit d’une si mauvaise qualité d’un penseur aussi brillant ? Que s’est-il passé pour que Talbi nous délivre cela ?

Quelle déception !

En guise d’introduction, l’auteur commence par se plaindre qu’aucun éditeur n’ai voulu publier son livre et qu’il a donc obligé de le publier à son compte. A la lecture, je comprends mieux le refus des éditeurs.
Ce livre, bien qu’il ne soit pas sans intérêt n’est tout simplement pas fini, il n’est pas abouti. Ce livre n’est pas du niveau qu’on attendrait d’un penseur de la trempe de Talbi : répétition des propos (parfois des pans entiers de textes se retrouvent mot à mot dans différents endroits du livre), sujet mal ficelé et déstructuré (on comprends où il veut en venir, mais il n’y arrive tout simplement pas, se perdant en circonvolutions complexes et inutiles), argumentation faible et incohérente et j’en passe…

Dans ce texte de plus de 300 pages, Talbi établi un état des lieu des libertés sous le régime Ben Ali jusque dans les années 2007/2008, décortique et théorise les raisons qui sont, d’après lui, à l’origine de la soumission des peuples arabes à leurs régimes dictatoriaux. Il présente également des portraits de militants des droits Humains que notre pays connaît bien aujourd’hui. Bien que l’encensement dont Sihem Ben Sedrine soit le sujet me gêne personnellement.

Au vu donc des sujets abordés, le livre ne manque certainement pas d’intérêt, mais il lui manque cette touche qui transforme un brouillon en livre, celle qui fait de la banalité en une chose digne d’intérêt. Talbi aurait dû relire et faire relire son texte car à cause de cette faute, à mon sens inexcusable, son livre perd une part importante de son impact. Et c’est ainsi qu’un possible coup de maître ne se trouve qu’être un coup dans l’eau.

En fin de compte, qui suis-je, diriez vous, pour critique M. Talbi ? Vous avez parfaitement le droit de vous le demander mais ma pensée n’engage que moi même et aussi arrêtée puisse-t-elle être, elle n’en reste pas moins pleine de sincérité et de légitimité.

Verdict : Ne pas acheter.
Goulag et démocratie – Mohamed Talbi – A compte d’auteur
Prix : 20 DT en Tunisie. 20€ partout ailleurs.

vendredi, avril 22, 2011

Dégage : un livre, des témoignages


Quelle révolution et quelle créativité ! Des slogans, aux mots d’ordre, des banderoles aux créations picturales improvisées, la révolution tunisienne aura été un formidable catalyseur et révélateur de la créativité artistique des tunisiens. Durant un mois on aura vu se succéder sur tous les supports (facebook, twitter, la rue, les manifestations) une foule de nouvelles formes d’expressions les unes plus créatives que les autres. Il était donc légitime voire nécessaire de compiler cette richesse en un livre pour le souvenir et l’histoire.

 Mission de compilation réussie par les éditions Alif avec ce livre dont le titre résume tout : « Dégage ». Avec plus de 100 témoignages et 500 photos, c’est une part importante de l’histoire instantanée, actuelle et charnelle qui a été capturée et magnifiée. C’est à un excellent travail de compilation, d’analyse et de témoignage que se sont livrés les auteurs. Le tout est collecté dans une édition d’une qualité exceptionnelle et rarement vue en Tunisie. Le texte est de qualité, les témoignages des intervenants percutants, l’analyse fine et le choix des images extraordinaire.

Ce que nous rappelle enfin aussi ce livre c’est que la révolution tunisienne n’a jamais été une révolution religieuse. On pourrait presque la qualifier de laïque. C’est une révolution pour les droits, la démocratie, la liberté, la dignité. Une révolution qui a trouvé naissance dans le terreau de la misère sociale et que les villes, à travers leurs petites bourgeoisies et leurs classes cultivées ont sut porter et informellement encadrer. Révolution propre, révolution culturelle et laïque.

« Dégage », aux éditions Alif. Prix 35Dt en Tunisie, 24 euros en France.

A lire également : « La révolution tunisienne – dix jours qui ébranlèrent le monde arabe » d’Olivier Piot.

mercredi, avril 13, 2011

Lecture : « Traité d’Athéologie » de Michel Onfray

Ayant à peine fini la lecture du « Coran au risque de la psychanalyse » de Olfa Youssef, je me devait intellectuellement et moralement de contre balancer la thématique extrêmement religieuse de ce livre par une lecture plus laïque ou en tout cas moins empreinte de religion. Le choix s’est donc porté sur ce « Traité d’Athéologie » de Michel Onfray.

Un titre trompeur

Un traité est défini par Wikipedia comme un « manuel d’instructions […] qui forme un sujet d’étude ». Vu cette définition, on serait donc en droit de s’attendre, en se fiant au titre du livre, à ce que son contenu soit pédagogique, instructif et constructif ou du moins initiatique. Malheureusement, il n’en est rien.

Le livre nous présente, sur des centaines de pages, des illustrations fort documentées sur la haine que les religions ont des femmes, du corps, des plaisirs et de la vie. Il expose leurs misogynie, leurs consécration des valeurs masculines, leurs fascination pour l’au-delà et leurs obsession de la mort. Il détaille les contradictions entre les religions monothéistes et les contradictions de ces religions en elles-mêmes. Il déconstruit certains mythes du judaïsme, du christianisme et de l’Islam et montre à quel point ces religions ont fait de morts à cause de leurs intolérance, de leurs visées expansionnistes et leurs dogmatisme.

Il y a certainement un intérêt à décrire tout cela, à compliquer ces faits, mais un tel travail ne peut se prétendre être un traité. Il serait plutôt qualifié de pamphlet.

Car à limiter l’athéisme dans l’illustration du simple rejet des religions monothéistes, Onfray ne tomberait-il pas finalement dans ce même travers d’extrémisme qu’il reproche aux fondamentalistes religieux ?

Dépasser le simple rejet de la religion

On aurait aimé lire et en apprendre plus sur les valeurs véhiculées et promues par l’athéisme, ainsi qu’une meilleure définition des réalités qu’il recouvre : quel est son système de valeurs ? Comment l’Homme peut-il vivre dans un environnement libéré des contraintes religieuses et déistes ? Comment l’Homme peut-il se substituer à la divinité afin de créer son propre référentiel moral ?

Voilà ce qu’aurait dû être un « Traité d’Athéologie » : une introduction aux mécanismes complexes et riches de la pensée purement humaine, une présentation d’une morale humaine et humaniste et tant d’autres sujets qu’il serait trop long et fastidieux de lister ici.

Car contrairement à ce que laisse penser Onfray dans son livre, l’athéisme ne se bâtit pas qu’au travers du rejet des religions. Certes ce rejet en est un élément fondateur, mais l’athéisme le dépasse pour bâtir un système de valeurs et une morale indépendante des référentiels religieux. La conception athéiste est une vision détachée des référentiels déistes et profondément ancrée dans l’humain. L’athéisme ne serait-il pas finalement la meilleure illustration de l’Humanisme ?

L’athéisme militant n’est, à mon avis, pas celui exposé dans ce livre par Onfray : violent, excessif, extrême. L’athéisme ne peut se résumer à un rejet, aussi fort et franc soit-il de la religion et du fait religieux, car l’athéisme est aussi et avant tout un mode de pensée tolérant, ouvert au dialogue et à la critique, à l’écoute de la société et concerné par le fait religieux. L’athéisme ne se construction pas aux dépends des religions, il se construit à leur côté, il se nourrit d’elles pour s’entretenir et se développer car sans religion, point d’athéisme.


Nouvelles lectures en cours : « De la démocratie en Amérique » d’Alexis de Tocqueville et « Révolution, Consulat, Empire » de Michel Biard, Philippe Bourdin et Silvia Marzagalli.

dimanche, mars 13, 2011

CCL : "Le coran au risque de la psychanalyse" de Olfa Youssef

Cette semaine, mon coup de coeur littéraire va au "Le Coran au risque de la psychanalyse" de Olfa Youssef aux éditons Albin Michel. 180 pages haletantes qui m'ont passionné toute une semaine durant.

Bien qu'athée, j'ai toujours eu une grande curiosité au sujet des religions, et notamment de l'Islam pour des raisons évidentes liées à mon vécu. C'est la lecture du blog de Olfa Youssef et plus particulièrement de cette note qui m'a poussé à acheter son livre et à m'y verser avec beaucoup d'intérêt. On retrouve ici donc son style clair, simple et structuré, loin de l'alambication et des tournures sinueuses que peuvent prendre certains penseurs arabes modernes.

Le livre commence sur une étude très intéressante sur l'ambiguité et la multiplication des sens dans le Coran et s'approfondi ensuite sur les aspects linguistiques du Livre Saint et de la difficulté voire l'impossibilité de l'interprétation.

C'est dans le troisième tiers du livre que l'on retrouve la réelle étude psychanalytique que le titre nous vend. Heureusement d'ailleurs que cet aspect est tardif car le lecteur a tout intérêt à être bien calé sur les principes et les concepts de la discipline pour bien saisir les nuances de la réflexion de l'auteur. Car ce qui était au début bien introduit et préparé devient rapidement assez abrupt à la fin du live. Chose qui, je l'avoue, m'a fait hésiter à finir le livre; mes connaissances sur la psychanalyse était quasi nulles (mais je vais m'y mettre). Cependant, je l'ai lu jusqu'au bout, et ce que j'ai pu comprendre de la complexité et de la richesse du propos en valait réellement la peine.

Verdict : A lire sans hésitation

Bien que légèrement inégal, le livre est d'un très grand intérêt et reste accessible à un large public ayant de bonnes connaissances sur l'Islam (ceux qui ne sont pas du tout familier de cette religion ne comprendront pas grand chose). Il propose un éclairage nouveau et original sur certains faits religions et casse par la même occasion certains dogmes ou plutôt de traditions religieuses populaires. Loin de la polémique, Olfa Youssef propose une lecture personnelle et objective de l'interprétation qui est aujourd'hui faite du Coran et de la Sira. Elle propose de remettre les choses à plat, de revenir vers les fondamentaux de la religion à travers une interprétation pragmatique et lucide du Coran et une invitation à peine voilée à dépasser certaines traditions religieuses désuètes érigées en dogmes. Ce n'est pas un hasard si ce livre appartient à la collection "L'Islam des Lumières", car aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin de Lumière, toujours plus de Lumière.

Nouvelle lecture cette semaine : "Traité d'Athéologie" de Michel Onfray.