L’Avenue ce jour là était calme : les passants étaient là, les bezness étaient là, les péripatéticiennes aussi. Toute cette atmosphère respirait la liberté.
Heureux étais-je donc mais aussi fier, d’aller acheter un livre à Tunis : la joie d’enfin retrouver des lectures intéressantes à la libraire El Kitab se mêlant à la fierté du constat de la liberté (re)trouvée.
Mon choix s’est porté sur un gros livre gris et à la couverture peu engageante : Goulag et Démocratie de M. Mohamed Talbi.
Revenu chez moi, et ayant lu les première pages du livre, l’enthousiasme du moment laissa rapidement place à une grande déception : Comment est-ce possible ? Comment expliquer un écrit d’une si mauvaise qualité d’un penseur aussi brillant ? Que s’est-il passé pour que Talbi nous délivre cela ?
Quelle déception !
En guise d’introduction, l’auteur commence par se plaindre qu’aucun éditeur n’ai voulu publier son livre et qu’il a donc obligé de le publier à son compte. A la lecture, je comprends mieux le refus des éditeurs.
Ce livre, bien qu’il ne soit pas sans intérêt n’est tout simplement pas fini, il n’est pas abouti. Ce livre n’est pas du niveau qu’on attendrait d’un penseur de la trempe de Talbi : répétition des propos (parfois des pans entiers de textes se retrouvent mot à mot dans différents endroits du livre), sujet mal ficelé et déstructuré (on comprends où il veut en venir, mais il n’y arrive tout simplement pas, se perdant en circonvolutions complexes et inutiles), argumentation faible et incohérente et j’en passe…
Dans ce texte de plus de 300 pages, Talbi établi un état des lieu des libertés sous le régime Ben Ali jusque dans les années 2007/2008, décortique et théorise les raisons qui sont, d’après lui, à l’origine de la soumission des peuples arabes à leurs régimes dictatoriaux. Il présente également des portraits de militants des droits Humains que notre pays connaît bien aujourd’hui. Bien que l’encensement dont Sihem Ben Sedrine soit le sujet me gêne personnellement.
Au vu donc des sujets abordés, le livre ne manque certainement pas d’intérêt, mais il lui manque cette touche qui transforme un brouillon en livre, celle qui fait de la banalité en une chose digne d’intérêt. Talbi aurait dû relire et faire relire son texte car à cause de cette faute, à mon sens inexcusable, son livre perd une part importante de son impact. Et c’est ainsi qu’un possible coup de maître ne se trouve qu’être un coup dans l’eau.
En fin de compte, qui suis-je, diriez vous, pour critique M. Talbi ? Vous avez parfaitement le droit de vous le demander mais ma pensée n’engage que moi même et aussi arrêtée puisse-t-elle être, elle n’en reste pas moins pleine de sincérité et de légitimité.
Verdict : Ne pas acheter.
Goulag et démocratie – Mohamed Talbi – A compte d’auteur
Prix : 20 DT en Tunisie. 20€ partout ailleurs.