Au cœur de la
visite de cet étrange Ghoneim,
prédicateur salafiste égyptien en Tunisie, et au moment où ses déclarations
farfelues promouvant l’excision émeuvent et scandalisent la rue, il convient de
s’attarder un peu sur cette pratique barbare. Car il faut comprendre ses origines pour mieux la
combattre et ainsi éclairer, un tant soit peu certains esprits embrumés par un
discours violent, rétrograde et surtout faux.
L’excision, une pratique pré islamique
Pour commencer,
il faut souligner que l’excision féminine (khafd)
n’a aucun fondement dans le Coran et aucun verset ne la cite explicitement ou
implicitement. Et si certaines écoles juridiques la recommandent sous une forme
bénigne, elles se fondent toutes sur des hadidh
dont aucun ne la prescrit explicitement.
La pratique était
répandue dans la Jahilia, le droit
islamique s’est ainsi contenté d’entériner un usage pré islamique. Elle a
aujourd’hui quasiment disparu partout dans le monde musulman sauf en Egypte (où
elle est également réalisée par certains coptes) et dans certaines régions de
l’Afrique subsaharienne.
Ces dernières
années, un grand effort a été déployé par des ONGs dans les pays où cette
pratique est courante afin de sensibiliser les familles et surtout les femmes
sur les dangers de cette pratique.
Car au delà du
risque très important de complications médicales chroniques que peut entrainer
l’excision, elle génère également un impact psychologique dévastateur sur les
jeunes filles, ces futures femmes.
Violées dans leur
intimité, amputées d’une partie de leurs corps, cette pratique peut être perçue
comme une mutilation d’origine masculine : une sorte d’affirmation de la
domination machiste sur la femme. Car in
fine ce qui est recherché par l’excision, c’est bien priver la femme de
tout plaisir durant l’acte sexuel. Elle est ainsi, réduite, un peu plus encore
au rôle d’objet sexuel pour l’homme, dévolue à ses envies et incapable elle
même de ressentir le moindre plaisir.
Exciser une femme
c’est enlever, détruire, nier une partie de son humanité, car la capacité de
ressentir du plaisir est sans doute l’une des manifestations les plus criantes
de notre humanité. L’homme n’est-il pas cet animal éprouvant du plaisir.
Plus largement,
il convient de rappeler, qu’autant que l’excision, la circoncision n’a, elle
non plus, aucun fondement en Islam, ni dans le Coran, ni dans les hadhith. Là
aussi, c’est un lourd lég de la Jahilia
que la tradition islamique a simplement perpétué et que la tradition populaire
et le lieu commun a associé à la fois à un rite de passage, à une purification
et à une entrée dans la communauté des croyants. La pratique peut également
chez certains hommes être la source de grands troubles psychologiques et il
aujourd’hui prouvé qu’elle réduit sensiblement le plaisir éprouvé lors du coït.
Mais le débat ici est tout autre tant cette pratique est enracinée dans la conscience
populaire.
Pour finir, le
constat est alors toujours le même et la conclusion inchangée. Le plus grand
danger pour l’Islam, ce sont les musulmans eux mêmes, ou du moins, une partie
de ces derniers. Obnubilés par une surenchère de la démonstration de foi, ils
sont prêts à croire tout et n’importe quoi. Et plus c’est gros, plus c’est
violent, plus cela doit, à leur yeux être vrai. L’islam n’est pas cela, il est
avant tout compréhension de l’essence du texte et guide. L’islam a aujourd’hui,
un terrible besoin de réflexion, de contextualisation et de recul, loin des prêches
de prédicateurs incultes et violents.