Sorti le 20 février 2012 à grand renfort de publicité et d’interventions
médiatiques, le nouveau livre de Habib Boulares : « Histoire de la
Tunisie » avait pour ambition d’être une introduction aux 2000 ans d’histoire
de la Tunisie. Etait-ce trop ambitieux ?
L’auteur, à travers les 700 pages que compte le livre, nous
emmène au pas de course d’évènement en évènement, de récit en récit et de date
en date. Il se borne ainsi à parler d’acteurs, de faits et de dates. Le problème de cette approche hyper factuelle
est qu’on est vite lassé par cette histoire événementielle, saccadée et
décousue. L’Histoire ne se résume pas uniquement à la récitation d’une liste d’évènements
et de dates, comme une douce musique,
une litanie d’érudition. Se limiter à cette histoire-là est un constat d’échec,
dû à la fois à une certaine forme de paresse et à un problème d’approche de la
matière historique.
Car l’Histoire, n’est pas seulement l’évènement, elle est
aussi le contexte et le creuset. Narrer un évènement sans décrire ce qui lui a
donné naissance, à savoir une culture, une religion, une coutume ou une
mentalité vide ce dernier de sens et nous prive de sa compréhension profonde.
Je me souviens encore de ces cours d’Histoire longs et ennuyeux
au lycée où le prof venait nous réciter des dates et nous faire lire des « sources ».
Cette histoire-là, intangible n’était aimée de personne. Car, il lui manque l’essentiel : la
passion.
Et c’est bien cette passion qui manque elle aussi si
cruellement au livre de Habib Boulares. Cette passion de narrer le passé sans
lasser, celle de nous faire voyager à travers les âges à la découverte des
coutumes, des sociétés, des villes, des architectures, des monuments, des croyances
et de la politique d’autrefois.
Finalement, on ne niera cependant pas certaines qualités du
livre : sa richesse iconographique, sa maquette claire et aérée et sa une
chronologie exhaustive, mais cela ne compense pas la faiblesse du contenu.
Alors oui, on achètera ce livre, mais ne comptez pas sur lui
pour vous faire aimer l’Histoire.